Les pères au cinéma en 2021

Falling / The Father, 2020

C’était la fête des pères et nos salles obscures tant aimées nous proposent deux films, sortis à une semaine d’intervalle, qui proposent un portrait de pères. Portrait de deux pères dans leur maladie, portrait de deux pères dans leur relation avec leurs enfants. Le premier : Falling, premier film de Viggo Mortensen en tant que réalisateur, sélectionné dans tous les festivals de films indépendants et au Festival de Cannes. Le second : The Father, de Florian Zeller adapté de sa pièce française Le Père et récompensé aux Oscars. Deux films de premier choix donc, aux sujets communs.

  • Falling, Viggo Mortensen

Premier film derrière la caméra pour Viggo Mortensen qui nous raconte la relation d’un père réactionnaire, violent, atteint de démences, avec son fils homosexuel qui essaie tant bien que mal d’aider son père à traverser les dernières années de sa vie.

Cette histoire est une pure fiction, même si Viggo Mortensen s’est inspiré de sa mère qui était atteinte de démence. Et cela ce sent, les scènes où le père perd pieds, où il devient violent, où il perd la mémoire sont très justes, criantes de vérité.

Falling c’est l’histoire d’une relation en chute libre, une relation qui se dégrade. Et elle se dégrade très vite. A travers les flashbacks, le va et vient entre le présent et la mémoire, on découvre que si cette relation père-fils avait pourtant bien commencée, elle se dégrade avant même l’adolescence de John. Finalement, elle était presque vouée à l’échec dès le départ.

Très affecté par le divorce de ses parents, John (le fils) s’est vite révélé très différent de ce père peu aimant, très dur et parfois violent. Et ca le père ne l’a pas supporté. Commence alors une spirale continuelle d’humiliation et de rabaissement, culminant avec le rejet le plus complet de l’homosexualité de son fils. D’autant plus que John refuse pendant longtemps de rentrer dans le jeu de son père, il refuse de s’énerver, ce qui ne fait que renforcer le mépris du père envers son propre fils. La tension monte, s’accumule jusqu’à exploser dans une scène dantesque.

Finalement le père aura eu ce qu’il voulait. Se couper de toute sa famille, se mettre à dos toute sa famille qui pourtant aura essayer de l’aider jusqu’au bout; et mourir seul dans son ranch, avec ses chevaux. Voilà la cruauté de ce film.

C’est un premier film tout à fait convaincant. Evidemment, ca reste un premier film qui a certains défaut. Notamment dans cette montée jusqu’à l’apex, qui est un peu longue et répétitive. On tourne un peu en rond, cela aurait pu exploser avant. Mais ces défauts n’enlèvent en rien la sensibilité de ce film, cet aspect émotionnel et touchant qui est très présent. Il y a également une vraie recherche esthétique qui du charme à ce long métrage. Et que dire des acteurs ? Ils sont excellents. On savait déjà que Viggo Mortensen était un très bon acteur, il le prouve encore une fois dans son propre film. Il interprète avec beaucoup de finesse et de délicatesse un type de rôle souvent piégeux.

Un film qui certes n’est pas parfait, mais qui est un bon film, intéressant, émouvant.

  • The Father, Florian Zeller.

Florian Zeller adapte sa propre pièce de théâtre, Le Père, dans un film édifiant qui évite tous les écueils de l’adaptation cinématographique ratée d’une pièce de théâtre. S’il a écrit le texte de théâtre en français, il a directement écrit et pensé l’adaptation en anglais, en pensant à Anthony Hopkins. Le résultat : un film magnifique, récompensé par deux oscars, rien que ça.

Comme Falling, The Father explore l’évolution d’une relation père-enfant au cœur de la maladie, ici la maladie d’Alzheimer. Pas de processus d’humiliation ici, mais bien un père qui perd pied, dont le cerveau est ravagé par la maladie, dont la mémoire se délite petit à petit.

Ce film est en fait une immersion dans la mémoire. La narration, la chronologie du film se brouille, devient cyclique à l’image des souvenirs d’Anthony (le père) qui deviennent de plus en plus flous. Nous sommes littéralement dans son cerveau. Même les décors se brouillent également. Les changements se font de plus en plus perceptibles à mesure que la maladie gagne du terrain. La mise en scène de la pièce de théâtre utilisait également se procédé. Les décors se modifiaient et se resserraient en même temps que père dépérissait. Le procédé est repris dans le film et l’on assiste impuissant, au même titre que ses enfants, au même titre que le père lui-même, à cette mémoire qui part.

Le film est assez classique dans sa facture, dans sa mise en scène qui demeure très théâtrale. Mais il ne tombe pas dans le piège de l’adaptation ratée d’une pièce au cinéma. C’est un exercice délicat et Florian Zeller l’a réalisé avec grand succès. On sent bien l’influence du théâtre mais elle ne fait que rendre le film encore plus émouvant, et déchirant.

Comme dans Falling, les scènes sont très justes, très réalistes. Elles sont d’ailleurs sublimées par un casting excellent, surtout Anthony Hopkins. On savait déjà que c’était un acteur génial, mais là il est au-dessus d’un acteur génial. Il crève l’écran, il donne à ce personnage toute sa consistance avec énormément de finesse.

On ressort de ce film chamboulé, troublé. C’est un beau moment de cinéma qui mérite vraiment le détour.


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